Itinéraire

Mardi 17 novembre - mercredi 18 : Genève - WIidhoeck - Londiningi Guest house

Jeudi 19  : Naukluft - Gecko Camp

Vendredi 20 : Naukluft - Kanaan

Samedi 21 : Luderitz - Kairos Cottage

Dimanche 22 : Aus - Klein Aus Vista

Lundi 23 et mardi 24 : Fish River Canyon - Canon Roadhouse

Mercredi 25 : Keetmandhop - Maritz Country Lodge

Jeudi 26 : Kgalagadi Transfontier Park : Mata Mata

Vendredi 27 : Kgalagadi Transfontier Park : Nossob

Samedi 28 : Kgalagadi Transfontier Park : Twee Rivieren

Dimanche 29 : Augrabis Falls - Augrabies Falls National Park

Lundi 30 : Namaqua National Park - Skilpad Restcamp

Mardi 1er décembre : Vanrhynsdorp Caravan Park

Mercredi 2 : Clanwilliam - Mount Ceder

Jeudi 3 : Pater Noster

Vendredi 4 au mardi 8 : Cape Town . La Villa Belle Ombre

Mercredi 9 : Genève 


Encore !!??!!

Et voila, c’est reparti pour un tour ! Cette année, le choix des vacances n’a pas pris trop de temps;  après une vague hésitation entre l’Asie, où nous avons déjà pas mal bourlingué, et l’Amérique du Sud, où il faudra bien nous rendre un jour mais qui pour l’instant ne nous tente pas plus que ça, c’est l’Afrique Australe qui, une de plus, l’emporte. Après la Namibie en novembre 2013, la Namibie et le Botswana l’année dernière, nous optons cette année pour la Namibie et l’Afrique du Sud. On est tombés amoureux des paysages, des couleurs et des contrastes, des grands espaces vides remplis de l'espoir d'une rencontre animale, de la douceur des nuits sous 100 000 étoiles, du silence et du bruissement du vent. 

 

La durée du voyage est fixée a trois semaines,  plus, je ne peux malheureusement pas. Nous ne sommes pas très chauds pour voler  sur les vieux Boeing bringuebalants de la British mais compte tenu du prix imbattable proposé (750 euros par personne), nous réservons nos billets en sachant déjà combien le voyage sera pénible. Si la formule camping est à nouveau retenue, la tente sur le toit est tout de suite écartée au profit, comme l’an dernier,  d’un véhicule 4X4 aménagé type mini camping car. Asco ayant honteusement gonflé ses prix de plus de 30%, nous portons finalement notre choix sur le Bush Camper de KEA, malgré quelques inconvénients notoires :  la boite de vitesse est  manuelle, c’est un 2.5L, le réservoir ne contient que 70 litres d’essence, la bouteille de gaz est installée en hauteur à l’avant du toit, le couchage se déplie vers l’extérieur et on a un peu de mal à se rendre compte de l’aménagement et de l’espace intérieur.  

 

 

 

Et c'est Gérard, notre Super Voisin, qui cette année encore, surveillera la maison et prendra grand soin des chats sauvages et de ma mimi Sikkim, juste revenue après 6 mois de fugue.

 

Merci Mille Fois !!

 

 

Le voyage se passe plutôt bien puisque l'avion est à moitié vide, ce qui nous permet de nous installer sur une rangée de quatre sièges, de nous allonger et de dormir un peu. Nous profitons de l'arrêt à Johannesburg pour échanger du cash contre des Rands, avec une commission qui frôle la malhonnêteté, mais nous n'avons malheureusement pas le choix, car c'est probablement ici le seul endroit pour obtenir des Rands avant notre passage en Afrique du Sud. 

 

Aéroport de Johannesburg
Aéroport de Johannesburg

Atterrissage en douceur à 14 heures à Windhoeck, où nous sommes attendus pour être conduits au Londiningi Guest House, où nous avons déjà séjourné par deux fois.  Nous aimerions bien, après le dîner,  profiter un peu plus longtemps de la douceur de cette première soirée de vacances, mais les quelques trente heures écoulées depuis notre départ nous poussent tout doucement en direction de la chambre, d'autant plus que le  départ est prévu demain à 8 heures. 

Végétation autour de la piscine du Longiningi Guest House
Végétation autour de la piscine du Longiningi Guest House

Kea la Cata

Nous avons cette année décidé de ne pas prendre le véhicule à notre arrivée à Windhoek mais d'attendre le lendemain et avons réalisé un peu tard que Kéa avait ses bureaux à l'aéroport, ce qui fait que nous devons retourner là-bas et ensuite revenir sur nos pas pour faire les courses et prendre la direction ouest pour Solitaire. Bon, ca ne fait que 60 kilomètres aller-retour qui, compte tenu de l'état des routes et du peu de circulation, devraient être vite avalés. Avec Alex qui est mandaté par Tourmaline pour nous assister dans la réception du véhicule,  nous nous présentons, comme convenu au bureau  KEA à l’aéroport, pour nous entendre dire, après 15 bonnes minutes d’attente, qu’il nous faut aller au dépôt situé à un kilomètre de là, ce que nous faisons en rechignant bien un peu; Ca commence bien !!! …Il nous faut ensuite remplir des formulaires, lire et signer toutes sortes de paperasses, au  milieu d'employés complètement inefficaces qui traînent des pieds et prennent le temps de bavasser entre eux et il se passe bien deux heures avant qu'on nous annonce que la voiture n’est pas prête. Elle arrive directement d’Afrique du Sud, n'est même pas nettoyée, et n'a dans les réservoirs ni eau ni gas-oil. Il nous faut ensuite passer par l’étape de prise en main et de contrôle du véhicule, s’assurer que tout est en bon état et bien noter les éventuels  impacts sur la carrosserie pour éviter d’avoir à payer au retour des dommages qui ne seraient pas les nôtres. Ca prend un temps fou et finalement je craque, quand le jeune employé compte les casseroles, les assiettes et les couverts, me fait vérifier après lui et contrôle à nouveau derrière moi pour être sûr qu’on est bien d’accord sur l’état de la vaisselle. Ca va ou bien ?? On va y passer la journée ?? Non, pas tout à fait, mais il nous aura fallu 3 heures et demi pour récupérer une voiture réservée et payée depuis des lustres ! 

Nous voilà enfin en possession de notre Bush Camper
Nous voilà enfin en possession de notre Bush Camper

Gecko Camp

C’est finalement à midi et quart que nous démarrons pour Windhoeck, direction le grand centre commercial situé Avenue Robert Mugabe, où nous dégotons un petit italien pour déjeuner,  après avoir acheté à Patrick, qui n’a pas voulu que je vérifie ses affaire avant le départ, le maillot de bain qu’il a oublié. Encore une bonne heure passée au Spar pour faire l’essentiel des courses et nous voila ENFIN partis pour la grande aventure, direction Gecko Camp. Nous délaissons la B1 indiquée dans notre roadbook et qui passe par Rehoboth et filons sur la C26 pour ensuite rejoindre la D1265 et la D1261 et, vers Nauchas, bifurquer sur la D1275. Nous n'allons quand même pas rouler sur des routes goudronnées alors qu'il y a de superbes pistes moins fréquentées et bien entretenues. Nous empruntons la Spreetshoogte Pass qui culmine à 1780 mètres par une route vertigineuses faite de lacets suivis de virages serrés, interdite aux poids lourds et aux remorques et déconseillée à tout véhicule par temps de pluie. Arrivés au col, nous nous arrêtons pour profiter d'une vue superbe sur le désert du Namib.

 

La descente, qui présente 1000 mètres de dénivelé sur 4 kilomètres, se fait doucement et avec prudence. Nous retrouvons la plaine avec, au bout d'une quinzaine de kilomètres, l'entrée du Gecko Camp, à la lisière du Namib Naukluft Park,  où nous avons déjà séjourné il y a deux ans et que nous retrouvons avec plaisir, de même que les deux chats qui ont investis le bureau et les trois chiens de la maison, qui nous font bon accueil.

Entrée du Gecko Camp
Entrée du Gecko Camp

Nous avons à nouveau l'emplacement de camping Hilltop, celui qui est au dessus de la butte, isolé du reste du camp, et qui offre une vue fantastique et imprenable sur la savane en contrebas, immense et sans limite.

Mais bon, il ne suffit pas de rêvasser, mais se mettre au boulot car on a chargé les sacs et les commissions en vrac, qu'il faut ranger. Je découvre l'espace dont nous allons disposer pendant plus de 15 jours et  suis  finalement satisfaite de la place et des rangements qui sont assez bien pensés. Je doute de l'utilité d'une petite armoire très peu profonde qui, en fin de compte, est bien pratique pour coincer les provisions. Le lit déplié sur le côté va s'avérer très confortable, pour autant qu'il n'y a pas de précipitations car je crains que la toile cirée qui se clippe sur la toile de tente  ne soit  suffisamment étanche en cas de fortes pluies.

Le Bush Camper avec le toit ouvert et le lit déplié sur le côté
Le Bush Camper avec le toit ouvert et le lit déplié sur le côté

Avant de partir, j'ai contacté chaque lodge et camping pour les prévenir que nous dînerons chez eux et qu'il faudra prévoir pour moi un menu végétarien.  Nous avions il y a deux ans partagé notre repas avec Heidi, seuls dans le Lapa, qui est  aujourd'hui occupé par une dizaine d'allemands bruyants avec qui nous devons partager la table. Heidi se confondra en excuses et, bien qu'elle n'y soit pour rien, se dira gênée de l'attitude de ces gens, mais retrouvera vite le sourire à la vue des plaques de chocolat suisse que nous lui avons apportée.

Seuls au monde

La nuit a été plutôt fraîche et je regrette de n'avoir pas emporté nos "sacs à viande", accessoire de voyage indispensable. Tant pis, on fera sans. On décide de filer jusquà Solitaire pour y prendre le petit déjeuner. Situé au carrefour de la C14 qui va de Walvis Bay à Bethani et de la C24 qui conduit à Renoboth et Sossusvlei, Solitaire, le seul endroit à des kilomètres à la ronde on l'on peut trouver un poste d'essence, un garage, un bar boulangerie et un petit magasin d'alimentation , est victime de son succès, puisque depuis quelques années, un lodge s'y est construit, cassant complètement son image de bout du monde et devenant un gros bastringue touristique. Dommage !! De plus, Moose Gregor, personnage incontournable de ce lieu qu il avait rendu célèbre grâce à son apfel strudel vanté dans tous les guides, à quitté ce monde en 2014, emportant probablement avec lui un peu de l'âme de Solitaire.

Nous voici à Solitaire
Nous voici à Solitaire
De nombreuses carcasses de voiture en fond de décor
De nombreuses carcasses de voiture en fond de décor
Tisserain se régalant des miettes d'Apfel Strudel
Tisserain se régalant des miettes d'Apfel Strudel
Hommage aux victimes des attentats de Paris du 13 novembre
Hommage aux victimes des attentats de Paris du 13 novembre
Pluviométrie
Pluviométrie

Nous continuons notre route à travers le parc national du Namib Naukluft jusqu'à Sesriem où  nous profitons de la station essence située à côté du Sossus Oasis campsite pour prendre un café, les occasions de faire une halte étant plutôt rares dans ce pays, et où nous admirons les premières esquisses des dunes rouges de Sossusvlei qui nous rappellent des souvenirs vieux d'il y a deux ans.

Dunes rouges du désert du Namib
Dunes rouges du désert du Namib

Ii y avait un peu d'effervescence du côté des dunes mais le calme est revenu et nous sommes maintenant pratiquement seuls sur la C27, au coeur de la NamibRand Nature Reserve, qui offre des paysages superbes, bien que très désertiques

Nous sommes tranquilles sur la C27
Nous sommes tranquilles sur la C27

La vie est dure pour les espèces présentes dans ce désert, essentiellement des oryx, des autruches et des gazelles qui ont su s'adapter aux conditions extrêmes de cet endroit, trouvant leur nourriture entre caillasse et brindilles mais où l'on peine à deviner la moindre présence d'eau. Je me demande comment ils font pour survivre dans un environnement aussi hostile où le taux de mortalité est probablement élevé.

Oryx dans le Namib Naukluft National Park
Oryx dans le Namib Naukluft National Park

Une voiture accidentée nous rappelle que la vitesse est réglementée à 80 Km/heure, ce que cet automobiliste semble avoir oublié et la route nous offre quelques surprises comme ce lodge aux allures de forteresse, totalement incongru dans ce désert, et à mon goût carrément moche. Mais quelle idée de construire un truc pareil, aussi imposant et si peu en harmonie avec le paysage, dans un endroit aussi perdu ?

Je crois que je suis bien incapable de décrire la beauté de la Namibie, c'est quelque chose qui se ressent mais ne se raconte pas, ni avec des mots, ni avec des photos. Un récit et des clichés n'arriveront jamais à reproduire ce qui fait son unicité, à savoir essentiellement l'immensité de ses paysages, qui frôlent l'infini. Quelqu'un m'a dit un jour "J'ai vu un reportage sur la Namibie, mais il n'y a rien à voir et rien à faire !" et je me souviens ne pas avoir bien su quoi répondre. Comment expliquer la couleur d'un ciel sans limite, le désert interminable qui se prolonge de mamelons sans fin, les rocs et les montagnes qui se suivent et se chevauchent, le rouge, l'ocre et le gris qui se fondent en pastels indéfinissables. C'est un pays indescriptible que l'on aime ou que l'on rejette, resté sauvage dans sa presque totalité, et où l'impact de l'homme est très peu visible. Je comprends très bien que l'on reste insensible à cette nature souvent sèche et hostile, pour laquelle on pourrait même éprouver de la crainte et de l'appréhension, tant elle est différente de ce que l'on connait. Le rapport à la Namibie est un peu comme celui que l'on aurait pour un peintre et son oeuvre : on adhère, on exulte ou on déteste; personnellement, je ne ressens devant Le carré blanc sur fond blanc de Malevictch que de l'incompréhension et j'ai du mal à crier au génie devant cette abstraction vide de sens et de signification alors je comprends que certains n'éprouvent que de l'indifférence et de l'ennui devant ces immenses étendues desséchées autant que dépouillées.

Beauté de la namibie
Beauté de la namibie

Mais voilà, nous on aime, on adore et on en redemande. On peut rouler pendant des heures dans ces contrées dénuées, sur ces pistes qui se déroulent à l'infini, sans rencontrer jamais personne ou presque mais en ayant toujours l'oeil à la recherche d'un animal qui croiserait notre route. Les paysages sont sans cesse différents : c'est une montagne qui se découvre à l'horizon et, quand on s'en approche, qui laisse la place à une autre, et va ensuite s'effacer pour nous faire découvrir un autre panorama. Il n'est pas rare d'avoir de chaque côté de la piste des scènes dissemblables de formes, de matières et de couleurs, offrant à droite des dunes rose ou ocre et à gauche des amalgames rocheux argent surmontés d''une végétation tantôt verdâtre tantôt jaune tirant sur l'or.

On adore ... !
On adore ... !

Le seul inconvénient de ces routes sans fin et sans rien, c'est qu'il est parfois difficile de s'arrêter pour une pose mais c'est aujourd'hui jour de chance, car après Solitaire et Sesriem, nous trouvons à Betta, un endroit où nous déjeunons d'une omelette accompagnée d'une Windhoeck bien fraîche. Il y a là une station essence, un camping et deux ou trois chalets, ce petit restaurant et une boutique très bien fournie, où, au milieu des légumes et des boissons, je trouve une pendaison d'éléphants en tissu rouge, entrecoupée d'écorces sèches, que je m'empresse d'acheter pour ma collection.  

 

Nous poursuivons notre route sur la D707, qui est reconnue, à juste titre, pour être une des plus belles de Namibie, et arrivons au panneau  « Kanaan », mais il nous faut encore parcourir  une vingtaine de kilomètres pour atteindre la réception du lodge, le N/a’an Ku sê Desert Retreat.  Cet endroit,  couronné par les dernières dunes rouges du Namib Naukluft Park  et les montagne du Tiras, est une réserve naturelle de 33'000 hectares mais je n’ai pas très bien compris quel était leur rôle dans la conservation et la protection de l’environnement et de la vie sauvage, dont le guépard, aussi, pour éviter toute déception nous ne participerons pas à l’activité de fin de journée qui consiste à nourrir les fauves, bien que je suppose qu’ils vivent dans d’excellentes conditions, en semi-liberté, dans des espaces clos mais suffisamment vastes pour leur permettre de vivre et de s’ébattre selon leurs besoins. Il nous faut encore parcourir 12 kilomètres pour arriver au seul emplacement de camping  très bien aménagé, avec cuisine et sanitaires, adossé à une montagne de blocs de granit d’où émergent quelques arbres à carquois, avec, face à soi, la savane à l’infini. L’endroit est tout simplement magique et, perdu dans cette immensité, on se croit vraiment seul au  monde. Aucun élément extérieur parasite pour rompre les moment de solitude que l’on vivra dans ce petit coin, pas un seul bruit si ce n’est celui du vent, ce qui nous fait regretter de ne pas entendre le claquement de sabot d'un koudou, ou le battement d’ailes d’une autruche, dont nous aurions bien aimé une petite visite. Nous verrons plus tard, près d’un point d’eau, un groupe d’oryx mais les caracal et les hyènes, pourtant présents sur ce territoire, ne nous montreront pas leur museau. J’entreprends de grimper dans la montagne et voudrais bien arriver jusqu’au petit col là-haut mais m’arrête à mi-pente car, d’une part,  le relief est très accidenté et d’autre part, je crains qu’il n’y ait dans ces rochers brûlés par le soleil quelques serpents ou scorpions qui pourraient être intéressés par mes orteils, aussi je fais demi-tour et, délaissant l’exploit sportif  que je n’atteindrai pas,  me contente, depuis notre campement, d’admirer le paysage alentour.  

Difficile de trouver un endroit plus tranquille
Difficile de trouver un endroit plus tranquille
A gauche, bloc sanitaire avec toilettes et douche chaude et à droite, notre coin cuisine
A gauche, bloc sanitaire avec toilettes et douche chaude et à droite, notre coin cuisine

Il est déjà 19 heures et le soleil se couche, apportant le souffle frais d’un vent qui, levé depuis notre arrivé, se renforce. Nous devons replier la Titine et refaire les 12 kilomètres qui nous séparent du lodge pour aller dîner au restaurant, qui se trouve en haut d’une butte,  où de grandes bourrasques nous font plier l’échine et rentrer précipitamment au chaud. La salle est très cosy, d’un style moderne et épuré et le repas qui nous est servi est succulent, pour un prix plus que correct, comme on en trouvera tout au long de notre voyage. Ce n'est pourtant pas facile de s'approvisionner ici, les denrées étant rares et le premier point de vente à perpette, en l'occurrence à Siesriem, à trois bonnes heures de route d'ici. Quand je pense que dans nos stations de ski, on facture un café soluble dégueulasse à 4 euros, sous prétexte que l'approvisionnement est difficile, je me dis qu'il y a quelque chose de pourri dans la république de France !

Le restaurant du Kanaan, moderne et sobre. Service impeccable et excellente cuisine
Le restaurant du Kanaan, moderne et sobre. Service impeccable et excellente cuisine

Avis de tempête

La nuit a été fraîche et ventée et nous attendons un peu que le soleil montre le bout de son nez avant de sortir du lit et prendre un petit déjeuner dans la première chaleur de ses rayons. C’est à regret que nous quittons ce magnifique campement où les mots solitude et plénitude se sont à jamais soudés pour en faire un instant de vie inoubliable. Nous retrouvons la piste quelque peu sablonneuse, qui ne présente aucune difficulté pour nous mais semble réticente aux vigoureux coups de pédales d’un cycliste que nous avons déjà doublé hier et je me demande ce qui a bien pu se passer dans sa tête  pour s’être engouffré dans une pareille galère.

 

Nous empruntons ensuite la B4, large route asphaltée qui traverse une vaste étendue désertique aux aspects lunaires, qui pourrait presque devenir ennuyeuse si elle n’avait pas un caractère aussi particulier. Nous aimons rouler sur la piste car elle se fond avec la matière alentour, sable, terre ou cailloux et donne l'impression de voyager dans cet espace unique, d'en faire partie entière, créant une sorte d'osmose entre le véhicule et la nature. Le goudron, au contraire, par sa couleur sombre qui contraste avec les pastels namibiens, forme, de droite et de gauche, une sorte de barrière qui l'exclut de l'environnement naturel. Mais, dans un cas comme dans l'autre, nous sommes toujours, ou presque, seuls sur ces longues bandes qui n'en finissent pas, ne rencontrant qu'un véhicule de temps à autre et un sentiment de liberté nous accompagne à chaque déplacement. 

Route asphaltée qui mène à Luderitz
Route asphaltée qui mène à Luderitz

C’est à midi pile que nous arrivons à Luderitz, ville côtière du bout du monde, mais c’est aussi à midi pile que la banque ferme, sous notre nez, ses portes jusqu’à lundi; nous en sommes quittes pour garder notre cash et retirer du liquide au distributeur de service.

 

Nous nous dirigeons vers Shark Island, où compte tenu de la météo qui sévit ici, nous avons prudemment renoncé au camping et loué une chambre au Kairos Cottage, dont les fenêtres ouvrent sur un océan aujourd'hui déchaîné. Le temps de passer un pantalon et de sortir la polaire, et nous sommes à la recherche d’un restaurant qui pourra offrir à Patrick huîtres et fruits de mer dont il rêve depuis longtemps. Si Luderitz  est devenue, au début du 20ème siècle, subitement prospère suite à la découverte de diamants, elle est depuis retournée dans l’oubli et n’est plus qu’une petite cité endormie. Nous pensions trouver ici un peu d’animation mais les touristes sont rares et les boutiques et restaurants qui vont généralement avec, aussi. Nous nous installons finalement à une table du Ritz’s Seefood qui offre une très belle vue sur le port et qui pourrait être un bon choix si l’attente n’était pas aussi longue.

 

Comme il est absolument impossible d’envisager une sortie en bateau pour l’île d‘Halifax où nous aurions pu croiser pingouins  et dauphins, nous passons une partie de l’après-midi à arpenter le bord de mer du côté de la pointe de Diaz. Le vent est tellement violent qu’on a de la peine à maintenir la portière ouverte pour s’extraire de la voiture et je dois me caler au sol pour tenter de prendre quelques photos. 

Rarement vu un vent aussi violent ! J'ai vraiment l'impression que je vais décoller.
Rarement vu un vent aussi violent ! J'ai vraiment l'impression que je vais décoller.

J’ai repéré en face de nous un gros pic rocheux sur lequel des phoques sont installés, et qui semblent indifférents aux énormes vagues qui déferlent sur eux.  Une croix célèbre la découverte de cet endroit par le navigateur portugais Bartolomeu Dias mais le ponton pour y accéder est complètement cassé. Un phare typiquement blanc et rouge, quelques bateaux et un bistrot que le Lonely Planet annonce ouvert mais qui en fait présente porte close, et c’est bien dommage car j’aurais aimé y prendre une boisson chaude, complètent ce tableau de bord de mer battu par un vent qui ne faiblit pas. Nous passons le reste du temps à explorer criques et petites baies le long de la côte rocheuses

Phoques installés sur un rocher
Phoques installés sur un rocher
Les mêmes sous la vague
Les mêmes sous la vague

il faut faire des choix, alors n'allons pas jusqu'à Klein Bogenfels, une jolie petite arche rocheuse plus au Sud, pour nous permettre de visiter Goerke Haus, mais nous arrivons 5 minutes avant l'heure de la fermeture, alors nous descendons la rue pour faire un tour à l'église luthérienne évangélique  qui présente de très beau vitraux et offre  une jolie vue à la fois sur la mer et sur un de quartiers coloré de Luderitz.

A nouveau pas facile de trouver un bon restaurant ce soir; celui du Nest Hôtel est catalogué "Loundge Bar", ce qui nous laisse un peu sceptique  et le Barrels est fermé, alors nous nous posons à nouveau au Ritz's Seefood qui,  à cette heure un peu tardive, est plein de convives attendant, comme ce midi,  un plat qui peine à arriver, et pour cause : il y a une serveuse rondelette qui s'agite dans tous les sens et qui ne peut bien sûr pas tout faire, et une autre, les bras ballants, qui tourne en rond en  traînant des pieds et se fait houspiller par la première, sans être plus efficace pour autant. Pour couronner le tout, l'établissement offre un service "pizzas à emporter" et il semble bien que, pour ne pas faire trop attendre les clients du dehors, ceux-ci passent avant ceux de dedans. C'est sûr que ça ne peut pas marcher comme ça. Je discute avec la rondelette, négocie 30 minutes pour être servis, pas davantage, et 20 minutes après notre commande est sur la table : Patrick est content, il a enfin son plateau d'huîtres et de fruits de mer !